Histoire d'une mobilisation 

Le quartier concerné par le projet du collectif d'associations et d'habitant·es comporte quatre grands ensembles de près de 1500 logements sociaux gérés par l’OPAC de Paris : les groupes Botha et Couronnes (qui sont les plus anciens), le groupe Piat et le groupe Faucheur-Envierges.

 

La concentration de logements sociaux, conjuguée avec le chômage massif et l’insuffisance notoire des équipements de proximité, a entraîné un désœuvrement des jeunes, une grave déstabilisation des familles et la disparition progressive de nombreux commerces. La fermeture des équipements sociaux et sportifs, ainsi que l’absence des gardien·nes d’immeubles de l’OPAC durant les week-ends ne font qu’aggraver cette situation.

Depuis 1995, les habitant·es ont fait entendre leurs difficultés au cours des conseils de quartier, créés cette année-là dans le 20e arrondissement.

 

Au printemps 1998, des habitant·es du groupe Piat ont souhaité recréer un climat de convivialité entre générations et entre habitant·es : à leur propre initiative, ils·elles ont organisé une fête de quartier qui s’est terminée par un couscous préparé par les femmes de la cité et servi à plus de 500 personnes !

 

Cette première rencontre a déclenché une volonté de mobilisation. Pour pérenniser cette action, une association a été créée à l’automne 1998. Appelée le  “Village Piat-Faucheur-Envierges”, elle regroupait plusieurs associations locales : les amicales de locataires, les Coteaux de Belleville et la Fondation Jeunesse Feu Vert. La fête de quartier a été reconduite en 1999 avec le même succès.

 

Les fêtes de quartier organisées chaque année depuis 1998 ont permis aux habitant·es des cités de se rencontrer et de travailler ensemble, tout en démontrant les limites des actions ponctuelles et la nécessité d’une structure permanente.

Face aux problèmes rencontrés dans le quartier, les plaintes et les demandes des habitant·es étaient récurrentes :

 

- image déplorable du quartier

- trop de jeunes inactifs·ives

- trafic de drogue

- tension interraciale

- violence

- forte présence policière et interventions inappropriées

 

- recréer du lien social

- prendre en compte les besoins des habitant·es

- soutenir les familles

- mieux préparer l’avenir des plus petit·es

- aider les jeunes du quartier

 

Le collectif d'associations a estimé nécessaire de donner la priorité aux besoins des habitant·es les plus démunis, en leur permettant d’exposer leurs problèmes et de les résoudre ensemble par des activités communes. En effet, plutôt que de se focaliser sur les agissements inciviques ou délictueux de petites bandes de jeunes (et moins jeunes d’ailleurs), il a paru préférable de se mettre à l’écoute des familles et de s’intéresser d’abord aux enfants, très nombreux dans les cités du quartier. Le projet de création d'un lieu de rencontres et d'activités commençait à se dessiner  : il semblait répondre pleinement au souhait des habitant·es du quartier.

 

De nombreuses rencontres ont eu lieu avec les assistantes sociales du secteur, les responsables de l’OPAC de Paris, l’équipe de développement local Belleville-Amandiers, les président·es des conseils de parents d’élèves et les animateur.rices socio-éducatif·ves prêt·es à travailler sur le quartier au service des familles, des enfants et des jeunes, dans les domaines juridiques, sociaux, scolaires et culturels.

 

Le collectif a recueilli leurs propositions et leurs engagements, avant d'élaborer un projet global. Ce projet a été largement diffusé auprès des écoles et des collèges du secteur, ainsi que chez les principaux acteurs de la vie locale. La diffusion du projet a été complétée par une consultation des habitant·es via un questionnaire, pendant la fête de quartier de juin 2000. Cette consultation a fait apparaître la très forte motivation des habitant·es pour la création d'un lieu de rencontres et d'activités.

 

De façon à porter pleinement ce projet sur le quartier, une association a été créée. Les résultats de la consultation des habitant·es ont été présentés lors de l’assemblée générale constitutive de cette association nommée LE CARAVANSÉRAIL DE BELLEVILLE. 

 

Cette association avait pour but : 

- d'offrir aux habitant·es du quartier Piat-Faucheur-Envierges un lieu de rencontres et d’activités favorisant le développement du lien social,

- de regrouper les personnes physiques et morales chargées de créer, gérer, animer ce lieu ainsi que les habitant·es participant aux activités,

- de favoriser le développement du lieu de rencontres et d’activités, en suscitant et en soutenant toute activité nouvelle répondant aux besoins des habitant·es du quartier.

 

L’analyse des réponses au questionnaire a permis de préciser les orientations et de définir les objectifs. Les conclusions correspondent exactement au rapport de synthèse DSU-Belleville élaboré par les assistances sociales de secteur DASES.

 

Le conseil d’administration de l’association de gestion était constitué de 9 habitant·es et de 2 représentants d’associations locales (le FC Piat et Piat’forme). Il a donné mandat au bureau pour négocier l'obtention d'un local auprès de l’OPAC et pour chercher des financements destinés aux actions suivantes :

 

• Médiation-lien social

• Point accueil-jeunes

• Aides aux démarches administratives

• Activités culturelles

• Multimédia

 

Ce projet a été présenté au conseil de quartier en décembre 2000.

L’opportunité d’un local disponible et bien situé dans le quartier a renforcé et accéléré la mobilisation des habitant·es. Leur implication a permis de rencontrer un ensemble d'associations et de partenaires potentiels, déjà actifs sur le quartier, qui ont été sollicités de façon à renforcer la cohérence du projet ainsi que son inscription dans les réalités du terrain.

 

Se sont ainsi fédérés et ont participé à l'élaboration du projet :

 

Le Village Piat-Faucheur-Envierges

Les Coteaux de Belleville

L'Amicale des Locataires du groupe Faucheur-Envierges

Les assistantes sociales de secteur (DASES)

Les associations des Parents d’élèves des écoles et collèges

Afrique Conseil

La Clepsydre

Les Ateliers d’Artistes de Belleville

Les petites Dionysies

Piat’forme

Promévil

Teatro Pazzo

 

avec la collaboration de :

La Fondation Jeunesse Feu Vert (antenne locale)

des habitant·es et commerçant·es du quartier.

 

Le projet a reçu le soutien de :

la Mairie du 20e arrondissement

L’équipe de développement local Belleville-Amandiers

En 2001, le Caravansérail de Belleville a changé de nom : les enfants de l'accompagnement scolaire sont tombés d'accord sur le nom "Archipelia".